Justement je suis en train de le lire
. Pour le moment, ce n'est pas désagréable, le contexte est original et même le style ne s'avère pas des plus percutant, je passe un bon moment
. Je développerai un peu plus mes propos quand je l'aurai achevé !
EDIT : wàla, un peu long pour le terminer -la faute aux cours- mais voici mon impression de lecture, en demie teinte pour ma part
:
Téméraire s'annonce comme un livre jeunesse saupoudré d'actions, de belles âmes et de bons sentiments. Ces thèmes pour le moins revus auraient pus rebuter le lecteur averti, cependant Naomi Novik étoffe son roman avec un cadre original : celui des guerres napoléoniennes.
A une époque où les amitiés entre humains et dragons remportent une grande part des ventes, cette innovation permettait de se renouveler en évoquant l'aspect historique de la Fantasy. Hélas, le premier enthousiasme passé on se rend compte qu'il ne demeure rien, sinon de vagues informations émaillées ça et là, de l'atmosphère napoléonienne. En vérité, l'écrivain n'étaye guère son monde et nous enferre dans une simple succession de scènes, sans rattachement à la réalité historique. Quand bien même aurait-elle souhaitée modifier le cours des choses, elle ne délaie nullement ses explications : à vrai dire, remplacer Napoléon par César n'aurait pas changé l'essence du roman…
Outre ce manque flagrant de richesse –car quand on s'attache à mêler réalité et fiction la moindre des choses est de parfaire ses connaissances- on regrettera la banalité de l'intrigue. Le jeune dragon Téméraire, capturé sur un bateau français par le capitaine Laurence, entamera pendant de longs mois un entraînement ascétique, suite à quoi il s'escrimera à défendre l'Angleterre. What else ? Certes, ajouter une dimension aérienne aux affrontements tissait un récit entraînant, mais la recette manque de piments, d'audace, de virtuosité.
L'essentiel du talent de Naomi Novik réside dans sa capacité à aplanir son texte, de manière à ferrer les jeunes lecteurs. Elle gratifiera ces derniers d'une attention particulière, car on ne distinguera dans le récit ni champ lexical propre à l'époque, ni écheveau d'intrigues secondaires, mais une action soutenue par un embryon de problème : l'attaque imminente de l'envahisseur français. Nuancer les caractères ne fait pas l'apanage de l'auteur, les couleurs de blancs et de noirs prédominent et, sous des airs de naïveté, on désigne clairement les adversaires. Les méchants, un rien hâbleurs, souligneront les personnes ne prêtant qu'un oreille distraite aux souffrances de leurs dragons, tandis que les gentils mettront un point d'honneur à soigner leurs compagnons… un rien gentillet, comme théorisation manichéiste, non ?
Des personnalités utopiques dansent ainsi la sarabande dans le texte, éclairant l'absence de vraisemblances chez les personnages. Au-delà de leurs comportements héroïques, ils se gargarisent de bonnes intentions, au point de prôner les distractions intellectuelles, tels les ballets, la science ou la lecture, et d'écraser sous le joug de la suffisance les autres formes de plaisir.
Avec ce roman, on peut se plaindre de l'obscurantisme stagnant sur les rayons Fantasy ; l'inventivité semble se pâmer au profit de romans formatés pour la jeunesse, sans un sou d'intérêts. Apprendre que cette auteur a gagné un prix littéraire laissera ainsi un goût amer dans la bouche, presque une déception en soi. Bien sûr, ce livre surclassera plusieurs productions jeunesses, mais il ne s'agit pas non plus d'un roman pétri d'imagination.
Le premier tome d'un cycle qui s'annonce linéaire et revu, sans être dénué d'intérêts pour le jeune lectorat. On peut espérer qu'il s'agira d'un tremplin au genre, un façon de pousser les lecteurs vers des livres plus fouillés, plus efficaces sur le plan stylistique et scénaristique. Je n'irai pas jusqu'à déconseiller sa lecture, car ses poncifs et son style alerte pourront plaire à une tranche de lecteurs, néanmoins je ne peux que citer d'autres romans, tels Terremer ou Bilbo le Hobbit, qui tout en plaçant les dragons sur un piédestal jouissent de nombreuses qualités…
6.5/10
Ps : ça reste agréable, mais c'est surtout le fond qui m'a refroidi, étant donné l'absence de réelles informations sur ce contexte historique. Même les dragons, si on oublie les pages annexes, ne sont pas vraiment développés, on en apprend plus sur leur façon de se nourrir que leurs habitudes
. Mon âge m'a peut-être aussi empêché de l'apprécier à sa juste valeur, je ne sais point...